Château Guillemot
Matys Hoffman
Un domaine de la rive droite : histoire, vignes et identité saint-émilionnaise
De 1790 à aujourd’hui : une lignée de vignerons et de négociants du Bordelais
Érigé en 1790, le Château Guillemot traverse les siècles au rythme de la vigne et des familles qui l’ont façonné. Offert en 1866 par Antoine Duclos à sa fille Marie lors de son mariage avec Louis Lavau, vigneron de Saint-Émilion, le domaine prend son essor viticole. La tour (1930), édifiée par Jean-Baptiste Lavau, symbolise l’ouverture commerciale — jusqu’au comptoir de négoce à Bruxelles. De génération en génération, réimplantations de vignes, rénovations de chais et reprise en main après les aléas ont consolidé l’identité du vignoble bordelais. En 1992, Valérie reprend la propriété : une nouvelle ère, ancrée dans la tradition viticole locale et l’exigence de l’appellation d’origine contrôlée.
Saint-Christophe-des-Bardes : coteaux, exposition sud et terroir argilo-calcaire
Le domaine se situe à Saint-Christophe-des-Bardes, sur les coteaux à l’est de Saint-Émilion, cœur de la rive droite. Les sols argilo-calcaires et l’exposition plein sud favorisent la maturité des raisins tout en conservant fraîcheur et finesse. Ici, la typicité de l’AOC Saint-Émilion s’exprime par des vins rouges à la robe grenat, au bouquet de fruits rouges et fruits noirs, portés par des tanins mûrs et une structure élégante. La mosaïque de parcelles (pentes/plateaux) et le drainage naturel des calcaires actifs participent à l’équilibre entre rondeur et tension.
La tour de 1930 et l’empreinte familiale : patrimoine, chais et transmission
Symbole architectural, la tour veille sur un patrimoine transmis, rénové et adapté aux pratiques contemporaines. Les chais témoignent d’une vinification précise (gestion des macérations et des températures, sélection parcellaire), dans la continuité d’un style cher aux vignerons de Saint-Émilion : des cuvées droites, expressives, aptes au vieillissement. L’histoire familiale demeure un fil conducteur : cultiver la vigne avec mesure, travailler chaque millésime avec respect, et viser des grands vins de terroir capables de traverser le temps.
Un vignoble d’un seul tenant : 9 hectares, parcelles et travail viticole
Âge moyen des vignes et conduite parcellaire : pente, plateau et exigences pédologiques
Le Château Guillemot cultive 9 hectares de vignes d’un seul tenant, avec un âge moyen d’environ 30 ans. Chaque parcelle est conduite selon sa morphologie — pente ou plateau — et la nature de son sol argilo-calcaire afin d’optimiser le drainage, l’implantation racinaire et la maturité des raisins. Cette approche parcellaire, au cœur du travail viticole en AOC Saint-Émilion, favorise la typicité du terroir, la régularité des millésimes et une palette aromatique nette en dégustation.
Vendanges, maturité et sélection des grappes : précision au vignoble et au chai
Les vendanges sont programmées à la maturité phénolique recherchée (peaux, pépins, sucres/acidité), gage d’arômes de fruits précis et d’une structure tannique harmonieuse. La sélection des grappes sur pied puis au chai permet d’écarter les baies insuffisamment mûres et de préserver la pureté du moût. Cette discipline en amont conditionne des vins rouges à la fois fruités et équilibrés, avec une attaque nette, une bouche structurée sans dureté et une finale fraîche.
Gestion des rendements et finesse de tanins : recherche de fraîcheur et de fruité
Sur coteaux exposés plein sud, la gestion des rendements vise la concentration sans excès, afin d’obtenir des tanins fins, une rondeur mesurée et une fraîcheur préservée. L’objectif : exprimer le bouquet de fruits rouges et fruits noirs (cassis, mûre) avec des nuances épicées, tout en maintenant l’équilibre du vin propre aux grands terroirs argilo-calcaires de la rive droite. Cette ligne de conduite prépare idéalement l’assemblage au moment de la vinification.
Encépagement et assemblage : Merlot, Cabernet Franc et Cabernet Sauvignon
Merlot majoritaire (85 %) : rondeur, fruits rouges et souplesse en bouche
Cépage roi de Saint-Émilion, le Merlot (≈85 %) apporte la rondeur, la souplesse et un fruité généreux. Sur argilo-calcaire, il développe un bouquet de fruits rouges (cerise, framboise) et de fruits noirs (mûre, cassis), avec une bouche ample et des tanins fins. Cet ancrage façonne l’équilibre du vin : une attaque charmeuse, un milieu de bouche velouté et une finale fraîche portée par le terroir.
Cabernet Franc : fraîcheur, bouquet, structure et élégance des tanins
Le Cabernet Franc confère de la fraîcheur, des arômes floraux et un toucher de tanins soyeux. Ses notes de fruits croquants et sa trame droite étirent la persistance, affinent l’assemblage et renforcent la typicité de l’AOC Saint-Émilion. Il signe des vins rouges précis, digestes, taillés pour la dégustation comme pour la table.
Cabernet Sauvignon : épices douces, trame tannique et potentiel de garde
Minoritaire mais déterminant, le Cabernet Sauvignon apporte structure, épices douces et potentiel de garde. Sur les coteaux bien exposés, il offre des tannins plus fermes en jeunesse, qui se fondent avec l’élevage en barriques pour gagner en finesse. Il ancre les millésimes les plus solaires et soutient la longévité des cuvées, sans masquer le Merlot majoritaire.
Terroir de Saint-Émilion : argilo-calcaire, calcaires actifs et typicité AOC
Minéralité, drainage et racines profondes : l’ossature des grands vins rouges
Sur la rive droite, les sols argilo-calcaires et les calcaires actifs guident la vigne vers des racines profondes. Le drainage naturel limite la vigueur, concentre les raisins et affine la structure tannique. Cette assise minérale offre des vins rouges au bouquet précis (fruits rouges et noirs), avec une bouche ample tenue par une trame fraîche et droite — une véritable signature de l’AOC Saint-Émilion.
Climat, millésimes et maturité phénolique : équilibre entre puissance et finesse
L’exposition plein sud favorise la maturité tout en conservant la fraîcheur nécessaire à l’équilibre du vin. Selon les millésimes, la gestion des vendanges vise une maturité phénolique complète : peaux mûres, pépins bruns, sucres/acidité harmonisés. Résultat : des tanins soyeux, une attaque nette, un milieu de bouche structuré et une finale allongée par la minéralité.
Vinification et élevage : cuves, macérations, barriques et gestion du boisé
Au chai, les macérations sont adaptées au potentiel de chaque parcelle : extractions mesurées pour préserver le fruité et la finesse des tanins. L’élevage combine cuves et barriques pour nuancer sans masquer : un boisé discret qui accompagne la rondeur du Merlot et la droiture des Cabernets. L’objectif : un profil aromatique lisible, une rondeur maîtrisée et une persistance élégante.
Démarche environnementale : biodiversité, HVE et ISO 14001
Bois et haies conservés, confusion sexuelle et absence d’herbicides
Au Château Guillemot, la biodiversité guide les choix viticoles : 3 hectares de bois sont préservés autour des parcelles, des haies sont plantées pour diversifier les essences, et les carrières abritent des chauves-souris utiles contre les insectes. Les traitements phytosanitaires sont raisonnés et limités, sans herbicides ; la confusion sexuelle contre le vers de grappe permet d’éviter les insecticides. Cette approche agroécologique protège la faune auxiliaire, favorise l’équilibre du terroir et contribue à des raisins sains, gage d’arômes nets et de tanins plus fins à la dégustation.
SME Bordeaux, certification ISO 14001 et HVE : amélioration continue vérifiée
Membre depuis 2013 de la première association du SME des Vins de Bordeaux, le domaine est certifié ISO 14001 (management environnemental) et HVE (Haute Valeur Environnementale). Ces cadres exigent de prouver chaque année la maîtrise des impacts (eau, énergie, intrants, biodiversité) et l’amélioration continue. Au résultat : une viticulture plus sobre, des vendanges pilotées au plus juste, et une vinification qui traduit la typicité argilo-calcaire de Saint-Émilion sans excès de boisé.
Eaux, effluents et sols : pratiques durables du chai à la vigne
Les effluents viticoles et vinicoles sont collectés et gérés ; le travail mécanique sous le rang entretient les sols et stimule la vie microbienne ; les parcelles sont conduites selon leur pente ou plateau pour optimiser drainage et maturité. Ce socle technique, de la vigne au chai, sécurise l’équilibre du vin (fraîcheur/acidité, rondeur, structure tannique), la pureté aromatique (fruits rouges, mûre, cassis, nuances épicées) et la persistance en bouche — des marqueurs recherchés dans les grands vins de la rive droite.
Profil de dégustation et accords mets & vins
Arômes de fruits noirs et rouges, bouquet épicé, structure tannique soyeuse
Les vins rouges du Château Guillemot expriment un bouquet précis de fruits rouges (cerise, framboise) et de fruits noirs (mûre, cassis), relevé de nuances épicées. En bouche, la trame est droite, les tanins sont soyeux et la rondeur du Merlot se marie à la fraîcheur du Cabernet Franc et à la tenue du Cabernet Sauvignon. L’équilibre du vin repose sur une acidité maîtrisée et un cœur de bouche ample, avec une persistance élégante portée par le terroir argilo-calcaire.
Saint-Émilion gourmand : viandes rouges, gibier, fromages affinés et plats bordelais
À table, privilégiez viandes rouges rôties ou grillées (bœuf, côte de veau), gibier mijoté, agneau aux herbes, voire une côte de bœuf au feu de bois. Les fromages affinés (Cantal, Comté, Ossau-Iraty) répondent à la structure tannique et au relief épicé. Les plats bordelais (entrecôte à la bordelaise, lamproie) soulignent la typicité des vins de Saint-Émilion : robe grenat, arômes de fruits, boisé subtil selon l’élevage en barriques.
Service, carafage et garde : température, verres, fenêtres de dégustation
Servez à 16–18 °C dans un verre tulipe de belle ouverture. Sur les millésimes récents, un carafage de 45–60 min assouplit les tannins et libère le bouquet. Les beaux millésimes gagnent à vieillir 5–10 ans (voire plus selon l’assemblage et l’élevage) : la bouche gagne en suavité, les arômes évoluent vers la prune, le tabac blond, la truffe et un boisé fondu.
Cuvée à découvrir : Saint-Émilion Château Guillemot 2019
Expression du millésime : équilibre, fruité, longueur et persistance
Sur les coteaux argilo-calcaires de Saint-Christophe-des-Bardes, le millésime 2019 révèle un fruité net (fruits rouges et noirs), une attaque précise et une bouche ample à la trame fraîche. La finale gagne en persistance sur des nuances épicées, avec une rondeur maîtrisée portée par le Merlot et une tenue droite signée Cabernets. L’ensemble affiche un bel équilibre entre maturité et fraîcheur, fidèle à la typicité de la rive droite.
Assemblage et élevage : harmonie Merlot-Cabernets et barriques maîtrisées
La signature d’assemblage s’appuie sur un Merlot majoritaire, complété de Cabernet Franc et de Cabernet Sauvignon pour la structure tannique, la profondeur et le potentiel de garde. L’élevage en cuves et barriques (boisé discret) polit les tanins, affine le bouquet (fruits mûrs, touche de réglisse, épices douces) et préserve la pureté du terroir. Résultat : un vin rouge harmonieux, lisible et gourmand, prêt pour la table comme pour quelques années de vieillissement.
Conseils de garde et de service : apogée, carafe et accords de caractère
Servez à 16–18 °C dans un verre tulipe ; carafez 45–60 min si la bouteille est jeune pour assouplir les tannins et libérer le bouquet. Fenêtre de dégustation idéale : dès maintenant pour le fruit et la souplesse, 5–8 ans pour gagner en suavité et en complexité tertiaire (prune, tabac blond). Accords : viandes rouges rôties, agneau aux herbes, gibier mijoté, fromages affinés — des alliances qui soulignent l’équilibre et la longueur du 2019.